Dans les ateliers de formation (« Apprendre à se connaître » ou « Revaloriser son estime de soi ») je commence souvent par faire travailler les stagiaires sur leur origine via un arbre généalogique simple.
Cela surprend, et cela embarrasse parfois : « Je n’ai jamais su le nom de jeune fille de ma grand-mère, elle était Mamie » ou « je ne sais pas d’où était mon grand-père », « Je sais que mon grand-père a été marié deux fois, mais je ne sais rien de sa première union », etc…
Au delà des noms et des dates, vient très vite l’envie d’en savoir plus sur sa famille ou sur les premières années de sa vie.
Les motivations peuvent être très diverses. Depuis le simple intérêt pour des êtres aimés au sentiment d’urgence de recueillir leurs souvenirs avant qu’il ne soit trop tard, en passant par le souci de transmettre à ses enfants, ou encore, l’intuition qu’on dévoilera sa propre histoire en recueillant celle de ceux qui nous précèdent.
Enfin on peut avoir des souvenirs confus du passé qu’on voudrait amener à la conscience.
Certains entreprennent de véritables « enquêtes » à la suite de ce type de travail.
Dans le cadre des entretiens de conseil conjugal, le cheminement se fait de séance en séance. Voici un cas où la recherche des origines a permis un véritable apaisement.
Une jeune femme me confie avoir été adoptée en Amérique du Sud par une famille française. Bien que son adoption ait été plutôt bien vécue par elle, cette jeune femme entretenait des relations conflictuelles avec sa mère adoptive. La raison principale, selon elle, était que la mère refusait de lui transmettre le dossier d’adoption, sous prétexte que cela lui ferait de la peine.
A travers les bribes de souvenirs et d’informations qu’elle avait recueillies, elle imaginait avoir été enlevée à ses parents biologiques pour maltraitance. Cela la faisait souffrir et la troublait.
Décidée à en savoir plus, elle réussit à convaincre sa mère : le doute la perturberait toujours davantage que la vérité. Elle apprit ainsi que ses vrais parents avaient dû l’abandonner à un orphelinat en raison de leur trop grande pauvreté. Accueillie dans une première famille sud-américaine, elle en fut retirée au bout d’un an pour mauvais traitements et violences.
C’est apaisée qu’elle est revenue me voir. Pour elle, la vérité était plus facile à vivre que ses suppositions . Son père et sa mère biologiques avaient, en quelque sorte, retrouvé toute leur légitimité.