Nos émotions font partie de notre personnalité. Repérer celles qui nous sont familières, les nommer et les apprivoiser, voilà un chemin que je propose pour mieux se connaître et vivre en harmonie avec elles.
Ce n’est pas chose facile, car notre éducation et notre culture n’ont pas toujours favorisé l’apprentissage du langage émotionnel. Nous avons été formés à penser, savoir, agir… mais pas à RESSENTIR. Certaines émotions – ou leurs débordements – ne sont pas bienvenues. Ainsi en société, il est attendu de contenir sa colère, de ne pas montrer sa peur ou sa tristesse, de ne pas trop manifester sa joie… Les injonctions sont : maîtrise, retenue, pudeur…
S’ajoutent à ce cadre éducatif ou social quelques stéréotypes de genre : un garçon doit être « fort », stoïque face à la douleur, il ne pleure pas : et après on s’étonne que les hommes aient des difficultés à parler la langue des émotions ! A contrario, la fille, considérée comme plus « sensible » – et pourquoi pas « fragile » ? – est autorisée à épancher ses états d’âme.
Pourtant depuis plusieurs décennies, de nombreux travaux ont été publiés sur cette question. Un petit tour en librairie renseignera vite sur la richesse des thèmes et approches proposés. On trouvera même des « cahiers d’exercices » permettant d’améliorer chez soi son langage émotionnel. Certaines écoles primaires proposent aux enfants des ateliers d’apprentissage en émotions.
Comme toute langue, ce langage bien particulier a ses règles. Un apprentissage est donc requis pour reconnaître l’émotion et la nommer précisément, l’exprimer et la partager, et enfin la vivre en développant ses potentiels.
1. Reconnaître une émotion et la nommer précisément
Si je suis novice dans cette démarche, ma première difficulté va être … de songer à m’observer. Puis de tirer au clair ce que je ressens : tristesse ? Colère ? Peur ? Joie ? Surprise ? Dégoût ? Etc. qui sont des émotions primaires. J’ai reçu en entretien une jeune femme ; elle exprimait sa colère envers son mari qui devenait de plus en plus dur avec elle. Après réflexion, elle a compris qu’elle ressentait bien plus de la peur que de la colère.
Appréhender le monde des émotions permet d’en approfondir deux aspects :
– L’intensité : Quand je suis en colère, suis-je agacé ? insatisfait ? grognon ? embêté ? … autant de nuances dans une intensité faible. Ou bien suis-je courroucé, furieux, révolté, vengeur ? … autres nuances dans une intensité forte. Nommer avec nuance va permettre un ajustement à soi-même.
– La complexité : Il se peut que je ressente plusieurs émotions simultanément, par exemple tristesse et colère. Ou bien que je ressente une émotion « secondaire », c’est-à-dire combinaison de deux émotions primaires. Ainsi le remords est mélange de dégoût et de tristesse, la déception est mélange de surprise et de tristesse.
2. Dire et partager son émotion
Cette émotion ressentie, comment la laissé-je voir aux autres ? Étant bien conscient(e) qu’elle transparaît d’une manière ou d’une autre en langage non-verbal ! Puis-je dire : « je suis en colère car je ne me sens pas respecté(e), ou j’étais inquiet(e) parce que tu ne rentrais pas à l’heure convenue, ou je ressens du remords car je suis triste et dégoûté(e) de ce que j’ai fait, ou encore je me sens heureux(se) et aimé(e) quand tu m’écoutes attentivement » ? Être au clair avec les émotions ressenties et leur cause exacte simplifierait grandement la communication entre personnes. Entre amis proches ou entre conjoints, on parle alors de communication de cœur à cœur. En effet quel cadeau inestimable je lui fais en partageant avec lui les émotions que je vis !
3. Vivre nos émotions en développant nos potentiels
Ce patient travail sur nos émotions permet d’atteindre un quotient émotionnel (QE) satisfaisant, une forme d’équilibre entre l’émotion qui surgit et ma façon de la gérer, de l’optimiser. Mon quotidien en est facilité, et peut-être même, enrichi. Tout d’abord cette meilleure connaissance de mes ressentis me permet d’être moins envahi(e) lors d’une situation de stress. Je peux alors être acteur et m’affirmer dans des situations difficiles. En repérant l’irruption d’une émotion négative, je peux décider de l’objectiver, de la relativiser ou la mettre à distance. Ceci permet de ne pas la subir ou encore de la rendre moins pénible. Jusqu’à utiliser l’énergie des émotions négatives pour avancer. Par exemple une colère (contrôlée) peut me donner la force de réagir.
Quant aux émotions positives déjà bien agréables – joie, enthousiasme, satisfaction… – je pourrai en profiter pleinement, les déguster, les faire durer et même multiplier leur effet en les partageant.
C’est toute notre intériorité qui se trouve enrichie par une telle démarche. Je la travaille aussi bien en ateliers qu’en entretiens individuels.
Voici parmi d’autres, quelques ouvrages que je vous conseille:
Daniel Goleman : « L’intelligence émotionnelle »
Christophe André et François Lelord : « La force des émotions »
Isabelle Filliozat : « L’intelligence du cœur »